plongé pensive

L air frais et glacé de
la mer frappe mon visage. Quelques embruns me brouillent le regard qui
s accroche fermement aux beautés de ce paysage. Nous laissons derrière
nous, moi et mes compagnons de voyage, la rade de l île Longue la ou
la cale de radoub immense et austère se situe.

elle est la celle qui
redonna une dernière virginité au vieux clou rouillé dans le quel nous
allons naviguer. Je suis heureux de laisser ce monde par-devers moi
pour m enfermer quatre mois durant, pour une longue traversée sans plus
voir le jour ni sentir l air iodé, ni celle de la terre que l on vient
d abandonner.

Tous les hommes d équipages, officiers, sous officiers et
"sous Marie nié" se sont préparé sans ambiguïté pour ce voyage dans oubli des
océans discrets et dont notre écho viendra bercer le lancinant chant
des baleines, des dauphins et autres sirènes bien aimés. Pour cette
mission d exception aucune transmission ne sera tolérée que ce soit ou
non chiffrée, l ordre fut ainsi donné, et nous l exécuterons, sans
faillir au serment tacite que nous avons tous prêtés Aucuns courriers
de nos « familles » ne sera délivrés, la seule famille maintenant est
celle qui à bord s évanouie lentement mais sûrement, celle que l on
nomme les sous mariniers. Il va de soit que si un malheur nous arrive,
personne ne pourra réclame nos dépouilles pour venir dessus se
recueillir et pleurer, la mer dans son immensité sera notre tombeau
dont on ne viendra jamais nous déranger.

Je descends du kiosque en me
laissant nonchalamment glissé et en inspirant une dernière bouffée de
passé. Voilà le double sas verrouillé scellant ainsi notre destinée
Tous les visages de mes petits gars se retournent un sourire aux
lèvres vers moi, sourire que je leur rends avec la conviction d un
père envers ses enfants. Et oui je les ai tous choisis mes petits gars
selon un critère et un seul mais bien défini. Ils ont tous acceptés la
nature irréversible de l action à mener car les attaques qui ont été
lancés, nous ont tous touchés au plus profond de nos vies qui étaient
déjà bien seuls en temps de paix.

Notre vieux fer à repasser sent bon
la peinture et l huile neuve qui vient de lui être administré, le
pétrole qu il aime engloutir par galons entiers et qui ne demande qu à
circuler dans le complexe système vasculaire qui lui donne vie. ce
poumons sont les nôtres et s accrochent au même rythme que lui Je me
rends au poste de commandement et indique les coordonnées à l homme de
barre, pendant que les personnels de quart me rendent comptes des
différents boyaux de notre mammifère marin.

Celui ci obéi à l ordre de
mouvement non sans gémir et grincer de mécontentementlui qui croyait
finir ses vieux jours dans un parc non loin d un canal sur Paris pour y voir
défilé bon nombres de touristes aux dégaines plus qu approximatives
quant aux critères de l armée de métier, celle qui navigue sous toutes
les mers du globe san jamais se faire remarquer...